Philippe Starck

Philippe Starck est un designer français, né le 18 janvier 1949 à Paris.

Designer prolifique et inventif, Philippe Starck est devenu le créateur incontournable des années 80. Communicateur opportuniste autant que doué, il a su fournir aux médias un mélange savamment dosé d’intellectualisme, de démagogie et de spectaculaire, à l’image de son homologue en architecture, Jean Nouvel.
Dans les années 1980, pour la Golden Society des années Mitterrand, Philippe Starck a représenté, dans l’effervescence branchée du moment, la légitimité du renouveau qu’elle attendait. À la suite des politiques, toute une classe urbaine aisée, avide de reconnaissance sociale, s’est offert à moindre coût et à moindre effort une étiquette design aisément reconnaissable. Philippe Starck a d’abord su vendre sa propre image, comme un produit de consommation de masse fortement médiatique. De nombreuses sociétés ont fait appel à ses services pour réveiller une image de marque désuète. L’effet et le logo STARCK jouaient à plein pour médiatiser des produits dans lesquels le confort d’utilisation était parfois sacrifié à l’impact publicitaire.

Au delà des controverses qu’ont suscitées en France ses réalisations et la médiatisation de sa personne, Philippe Starck est devenu l’un des designers français contemporains les plus connus à l’étranger.

On peut émettre l’hypothèse que, pour sa communication, Starck utilise prioritairement des stratégies chinoises : pas d’opportunisme mais une redoutable efficacité à saisir l’opportunité.

Starck dessine dès les années 80 un grand nombre de meubles individuels et de collections de meubles qui sont fabriqués par des établissements français, italiens, espagnols, japonais et suisses.
Dans le domaine du design industriel, il crée les objets les plus divers dans la série O.W.O., des pâtes pour Panzani, des bateaux pour Bénéteau, des bouteilles pour Glacier, des appareils ménagers pour Alessi, des brosses à dents pour Fluocaril, une ligne de couteaux pour la Forge de Laguiole ainsi que le siège social de l’entreprise à Laguiole , du mobilier urbain pour JCDecaux, des meubles de bureau pour Vitra, des véhicules, des ordinateurs, des poignées de porte, des lunettes, etc.

Depuis 2005, Starck est également designer chez Virgin Galactic et Fossil.
Starck, résidant et travaillant toujours à Montfort-l’Amaury (France), a reçu pour ses ouvrages un grand nombre de prix et de décorations. Ses créations sont exposées dans les collections de nombreux musées européens et américains, entre autres au Brooklyn Museum de New York, au Musée des Arts décoratifs de Paris et au Design Museum de Londres.

Voici une séléction de la collection de mobilier et objets designés par Philippe Starck

Fauteuil Costes

Conçu dès 1981 pour le café parisien Costes, ce fauteuil se caractérise par un piétement tripode qui réduit son encombrement au sol, favorisant ainsi une meilleure circulation des serveurs. Il répond précisément à l’analyse de Philippe Starck, selon laquelle « le quatrième pied est une redondance. Le tripode crée une tension. Un siège à trois pieds a évidemment un esprit différent. Il demande plus d’attention, une plus grande participation, plus d’exigence intellectuelle et sensuelle de la part de l’utilisateur. Il y a un début de rapport avec la personne qui va s’asseoir. Se balancer sur un tripode, c’est plus dangereux, mais plus rigolo ».

Le fauteuil Costes possède une structure en tube d’acier revêtu d’une peinture époxy. Le dossier en contreplaqué cintré laqué noir enveloppe une assise avec rembourrage en polyuréthane recouverte de cuir noir. Sa découpe lui permet de servir également d’accoudoirs. Le pied postérieur est relié à l’assise par un montant horizontal. Édité par la société italienne Driade en 1984, qui le propose avec des placages d’acajou, de noyer ou de cerisier, il est également réalisé entièrement en aluminium depuis 1988.

Fauteuil J série « Lang »

Ce fauteuil conçu en 1984, édité par Driade en 1987, présente une coque tubulaire rembourrée de mousse de polyuréthane flexible appliquée à froid, recouverte de cuir noir. Les trois pieds sont en fonte d’aluminium. « L’aluminium poli est le symbole de modernité accessible parmi les métaux non spéciaux. En l’alliant à des formes aérodynamiques, on double la symbolique de modernité. En l’alliant à des formes baroques, on brouille les cartes. » Et le Fauteuil J, Série Lang, les brouille d’autant plus que l’aluminium souligne son piétement tripode. De plus, comme dans ses nombreux fauteuils à trois pieds, imposant de face, l’arrière est d’un tout autre esprit: « de face, la bourgeoisie et quand vous tournez, derrière, le vide ».


Table chaise Lola Mundo

Rare et élégante chaise-table.
Edition Driade, 1986. Plus édité aujourd’hui. 
La chaise se transforme en table quand on abaisse le dosseret sur l’assise.
Dosseret et assise en multiplis d’ébène unis par une charnière en aluminium. L’assise présente des cabochons en caoutchouc qui correspondent à des creux se trouvant sur le dosseret.
Pieds de style en fonte d’aluminium moulé.
Hauteur de la chaise 84 cm, Hauteur de l’assise 53 cm, Largeur 33,5 cm, Profondeur 48,5 cm.

Cette chaise fait partie des collections permanentes du Musée d’Art moderne du Centre Pompidou et du Musée d’Art décoratif de Paris.

Bouilloire Hot Bertaa et presse-agrumes Juicy Salif

Directeur d’Alessi, société italienne de création d’objets d’art de la table fondée en 1921, Alberto Alessi met en place, en 1986, le projet « Solferino » destiné à faire travailler six architectes et designers français. Sont ainsi sélectionnés Jean Nouvel, Christian de Portzamparc, Sylvain Dubuisson, le groupe Nemo, Charlotte Perriand et Philippe Starck. S’ils s’étaient rencontrés à Paris en 1983, Alberto Alessi et Philippe Starck collaborent là pour la première fois. Quatre objets du designer conçus dans le cadre de ce projet vont être édités entre 1989 et 1990: la bouilloire Hot Bertaa, le presse-agrumes Juicy Salif, la passoire Max le Chinois et l’horloge Walter Wayles. 

Philippe Starck adopte dans son travail une démarche en deux phases: intuition et croquis d’abord, élaboration ensuite. Pour lui, c’est « l’idée de surprise, sorte de court-circuit mental qui peut être générateur de beaucoup d’autres choses et à l’origine d’une pensée personnelle pour l’utilisateur » qui est importante. Il résume la finalité de cette démarche en parlant « d’objets justes » et en invoquant leur charge « mentale ». Ainsi en est-il de cette bouilloire en fonte d’aluminium enduite de résine au silicone coloré avec sa forme d’obus coupé à sa base, et dont le sommet en oblique est traversé par un tube conique creux en polyamide. De son côté large et long, ce tube sert tout à la fois de manche et d’entonnoir pour remplir la bouilloire et, de l’autre, plus court et plus étroit, de verseur. A l ’origine, la bouilloire devait comporter une inscription latine encerclant sa base, telle une référence à un objet liturgique. Poignée optionnelle pour le couvercle de la série de marmites Falstaf (1989), plateau Voilà Voilà (1992), râpe à fromage avec des cornes Mister Meumeu (1992), centre de table Les Ministres et ustensiles de cuisine Faitoo (1996) …, autant d’objets pleins de fantaisie qui donneront à Philippe Starck, après Hot Bertaa, l’occasion de collaborer avec la société Alessi.

Reverbère Tournesol

Sur une demande de Jean-Claude Decaux qui souhaitait un réverbère articulé permettant de varier la position de l’éclairage, Philippe Starck imagine des mats en fonte dont les luminaires en aluminium pivotent. Par un système complexe, sous brevet allemand, de rotation commandée électroniquement, l’extrémité effilée des réverbères vient former un angle droit par rapport aux mats pour orienter le faisceau lumineux au plus près des voies de circulation. Philippe Starck envisage même de les programmer successivement pour que leur mise en route crée une « volute spiralée de lumière au crépuscule ». Le matin par une rotation inverse, ils reprennent leur verticalité. Ils sont ainsi « plein de sollicitude, se courbant vers le voyageur nocturne, puis se redressant le jour dans une attitude de digne retrait, de présence fière et discrète ». Car, devant la multiplicité des objets qui encombrent le paysage urbain, Philippe Starck réfléchit aussi à l’idée de disparition, de l’invisible ou, tout au moins, du moins visible. Il tend ainsi vers une matérialité minimaliste et l’épaisseur filiforme de cet éclairage à la ligne résolument organique s’inspire tout aussi bien du « crustacé » quant à son articulation qu’à « une certaine tension de la courbe proche du végétal naissant ».

Tabouret BUBU

Bubu 1er répond parfaitement à la définition d’un bon meuble au sens où l’entend Philippe Starck: « un produit équilibré qui va rendre le service qu’on lui demande […] qui sera stable, léger, transportable en grande quantité […]. J’aime aussi que par sa forme ou sa couleur, il soit une critique, positive ou négative, de la société, et je rêve que se crée entre lui et la personne qui va l’utiliser un lien affectif, qu’il devienne un drapeau social et culturel. »

Tabouret ou guéridon d’appoint, ce petit meuble multifonctionnel en polypropylène moulé par injection est creux, pouvant ainsi faire office de rangement. Il est équipé d’un couvercle qui, une fois fermé, sert d’assise. En forme de couronne qui « met la tête à l’envers », cet objet du quotidien, qui ne se prend au sérieux ni comme couronne ni comme tabouret, tient à la fois de la sculpture monolithique et de l’emblème royal de la grande diffusion. 

Vendu à plus de quarante mille exemplaires par an, Bubu 1er se décline dans une gamme de couleurs (jaune, marron, orange, vert, noir et blanc). Tout d ’abord conçu pour le catalogue de vente par correspondance des 3 Suisses en 1991, il est ensuite édité par la société OWO, qui loue aux 3 Suisses l’outillage de production de 1994 à 1996, date à laquelle la société XO rachète cet outillage pour en reprendre l’édition.

La lampe Miss Sissi

Cette petite lampe de chevet est entièrement moulée en polycarbonate Lexan teinté dans la masse en sept tons de couleurs vives. La base du pied présente une légère gouttière pour laisser passer le fil électrique sans risque de déséquilibrer l’ensemble. La lumière de son ampoule de 60 Watts est diffusée de façon directe et indirectement au travers de la transparence colorée du plastique de l’abat-jour. Le contraste entre sa forme, aussi simple que traditionnelle, la technologie du matériau et sa mise en œuvre souligne non seulement sa fonction mais sa valeur d’archétype intemporel. Cette demoiselle est d’ailleurs présentée dans un emballage qui, à la manière des boîtes de poupée, possède une fenêtre au travers de laquelle Miss Sissi se laisse admirer. A l’occasion de l’exposition du quarantième anniversaire du Compasso d’Oro en 1995, cette lampe est sélectionnée dans le catalogue de l’Associazione per il Disegno Industriale (ADI).

Le fauteuil Dr No

Dr. No est un petit fauteuil accueillant, pratique, léger, empilable. La coque en polypropylène est moulée d’une seule pièce. Teintée dans la masse, elle est disponible en sept coloris pastel. Les pieds en aluminium extrudé s’emboîtent dans la coque et sont anodisés ou vernis de la même couleur. Grâce à sa forme sobre et élégante, ce siège s’intégre aussi bien dans l’espace privé d’un salon, d’une salle-à-manger ou d’une cuisine que dans celui public d’un bar ou d’un restaurant. Les matériaux employés permettent son utilisation en plein air où il ne craint ni le soleil ni la pluie qui glisse par les fentes ménagées de chaque côté de l’assise.

Il va de pair avec une petite table ronde Dr. Na, faite du même matériau dans des coloris identiques et dont le pied central se termine par une base en aluminium moulé sous pression, vernis et anti-griffe. 

Conçu en 1995 et édité par la société italienne Kartell en 1996, cet ensemble illustre une des philosophies de Philippe Starck : « l’objet doit être réduit au minimum, mais exister le plus possible avec le moins de concret possible ».

La chaise La Marie

La chaise La Marie se veut le prototype intemporelle de sa fonction. Réalisée en une seule pièce moulée en polycarbonate non rayable (contrairement au plexiglas), elle est légère, empilable, solide, confortable. Totalement transparente, elle tend à disparaître, rendant du même coup le geste du designer aussi invisible que l’objet créé. Elle est ainsi, selon les propres dires de Philippe Starck, la chaise non dessinée de « l’indispensable non-produit ». Toujours dans cette recherche du minimum, Philippe Starck en réduit les coûts pour qu’elle soit la moins chère de toutes ses chaises déjà éditées. Produite par Kartell, elle est présentée en août 1999 à la page 51 du catalogue de vente par correspondance Good Goods par Philippe Starck pour La Redoute. Envisagée également en polycarbonate tout d’abord teinté or ou argent, ce qui semble à ce jour poser des problèmes techniques, puis coloré dans la masse, La Marie oscille ainsi entre se faire invisible comme par humilité pour sa prosaïque bien qu’incontournable fonction, et être sacralisée en tant que symbole d’un archétype. Dans tous les cas, elle naît de la volonté de Philippe Starck de libérer l’environnement d’objets inutiles pour ne laisser que les objets indispensables et justes.

Un meuble d’intérieur à mettre dehors


Au mobilier traditionnel de jardin le plus souvent limité à une chaise, une table, un transat, etc. en bois, métal laqué ou plastique, Philippe Starck et Kartell opposent, grâce au principe du rotomoulage, le modèle du fauteuil Club, issu du salon bourgeois et apparu dans les années 20-30 sous l’appellation Le Confortable.
La technologie du rotomoulage consiste à déposer dans un moule clos, pouvant être mis en double rotation autour de ses deux axes principaux, le polyéthylène sous la forme d’une poudre fine. Celle-ci se repartit sur toute la surface du moule, elle est gélifiée par chauffage puis fixée sous forme de peau par refroidissement. L’intérêt de ce procédé de fabrication est d’obtenir des corps creux monoblocs, sans soudure « extraordinairement résistants, extraordinairement peu chers, colorés, amusants ». Le canapé Bubble Club est ainsi le premier d’une série de meubles d’intérieur à mettre dehors.

La chaise Louis Ghost fut créée en 2002. Elle est inspirée de l’époque de Louis XVI.

La Chaise Louis Ghost est entièrement composée de polycarbonate. Elle a été spécialement conçue pour être une chaise d’intérieur comme d’extérieur. C’est pourquoi l’utilisation du polycarbonate fut propice à sa fabrication, car le polycarbonate est un plastique résistant aux éraflures, aux chocs et aux agents atmosphériques. Une des grandes propriétés physiques du polycarbonate est sa transparence. L’utilisation du polycarbonate permet d’obtenir une variété de couleurs en transparence telles mentionnées plus haut. Il est possible aussi d’obtenir de l’opacité dans le polycarbonate telle la série opaque dans lesquelles les chaises blanches et noires sont disponibles



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